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Elections professionnelles : la CGT, coeur de la cible

mardi 4 avril 2017

Les résultats des élections professionnelles dans le secteur privé rendus publics le 31 mars font l’objet d’une opération idéologique, attendue et orchestrée. L’objectif est évident, casser la CGT dans ce qu’elle représente de capacités à résister, à mobiliser et à ouvrir des perspectives de luttes face aux mauvais coups patronaux et gouvernementaux dans une crise profonde du capitalisme. Ce qui montre que les réponses ne se trouvent pas dans des dimensions techniques ou de « gouvernances » syndicales, mais bien dans le contenu de la lutte des classes aujourd’hui en France. La première place occupée pour cette élection par la CFDT serait un « séisme social ». Le séisme social, c’est plutôt les 9 millions de pauvres, la loi El Khomri imposée contre l’immense majorité de la population et des salariés de notre pays, le pouvoir d’achat de l’ensemble des salariés en berne, les charrettes de licenciements, la nouvelle ponction sur les droits des chômeurs.

Les commentaires dithyrambiques, la conférence de presse d’un syndicaliste réformiste parlant de « révolution », se gardent bien d’une analyse concrète de ces résultats à la conjonction de plusieurs phénomènes préoccupants pour la démocratie et l’avenir de nos acquis sociaux.

1. La discrimination et la criminalisation de l’action syndicale font rage. Elles touchent essentiellement les militantes et militants CGT. Les atteintes aux droits et libertés syndicales visent à la fois les salariés dans leur capacité d’action et les militants de nos syndicats CGT harcelés, licenciés, mis au placard, isolés. L’amnistie refusée pour activités syndicales par les gouvernements successifs de Hollande montre bien de quel côté ils ont pesé sans relâche. De nombreux responsables syndicaux de nos professions sont directement visés par de tels actes antisociaux et antidémocratiques. Nous agissons chaque jour pour les défendre.

2. L’implantation CFDT, dans nos professions, est certes plus importante que la nôtre. Mais de quoi découle-t-elle ? D’une meilleure adéquation des structures de cette organisation aux réalités du salariat aujourd’hui, comme le prétendent certains ? C’est faire fi des multiples exemples d’implantations anciennes ou nouvelles de syndicats CFDT organisés et financés directement par le patronat. Les exemples sont trop nombreux pour penser qu’il s’agirait d’initiatives spontanées. Nous avons affaire à des opérations planifiées, maîtrisées, systématiquement ciblées. Les pas-de-deux MEDEF-CFDT sont monnaie courante. Et ce ne sont pas des actes gratuits. L’ascenseur est régulièrement renvoyé, notamment quand il s’agit d’accompagner des mesures d’austérité, des restructurations, des fermetures de sites. Dans ces conditions, de quelle démocratie s’agit-il, sinon celle conçue par le patronat et des gouvernements à sa solde pour imposer des stratégies de casse.